vendredi 21 janvier 2011

Tomasito : burlar por buleria

Il parait que le terme "buleria" vient du verbe "burlar", qui signifie "se moquer". On imagine aisément les inventeurs des premières formes de buleria découvrir un rythme qui permettait de prendre quelque distance émotionnelle avec le tragique de la solea, son ancêtre.

S'il en est un qui a poussé à son paroxysme le caractère comique de ce style, c'est bien ce personnage inclassable, originaire de Jerez, qu'est Tomasito.



Tomás Moreno Romero, né en 1969, fait partie de cette génération de flamencos qui ont été biberonnés autant au "cante de los viejos" qu'aux musiques rock, rap, jazz, pop... C'est donc naturellement que toutes ces influences se retrouvent dans son style.




Rien que sur cette vidéo, qui date de 1986, on peut voir l'influence du break dance. Pour ceux qui comprennent les paroles, gare à la crise de rire...

Car Tomasito n'est pas franchement un chanteur, c'est avant tout un danseur, mais qui, n'ayant pas percé dans le domaine a réussi à réunir toutes ses compétences pour faire monter une sauce très personnelle et très efficace. A base de paroles loufoques et de gestuelle débile, le tout avec un côté pince-sans-rire tout à fait désopilant.

Mais Tomasito est davantage qu'un excellent clown, c'est aussi un artiste qui, paradoxalement, concentre l'essence du flamenco dans des attitudes minimalistes. C'est ce qui en fait un véritable artiste flamenco, malgré son créneau clairement burlesque.

Il suffit d'écouter son compas, de voir ses remates, de suivre les montées et les descentes d'énergie, qui sont la marque musicale du flamenco. Il a aussi ce côté "artiste total" : chant, danse, percussion... sa simple présence sur scène produit un effet.

Qu'est-ce que Tomasito peut apporter dans l'apprentissage du flamenco ? Déjà, il peut démystifier le tragique. Mais surtout, il offre un condensé de toutes les émotions véhiculées par le flamenco traditionnel sur un mode minimaliste, donc plus accessible à l'entendement de nous autres "guiris".

C'est aussi selon moi l'une des meilleures fusions du flamenco avec les musiques modernes.





Ici avec un autre clown professionnel, Diego Carrasco, por "Barack Obama"

1 commentaire:

Cam a dit…

Je kiffe ton blog !